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III - Les risques alimentaires




Les risques alimentaires sont peu connus car ils n'ont été que très peu étudiés. C'est donc le principe de précaution qui doit s'imposer.

De nouvelles allergies
Les allergies alimentaires sont provoquées par les protéines, qui sont le produit d'expression des gènes. Introduire de nouveaux gènes dans un organisme, donc de nouvelles protéines, va accroître les risques d'allergies.
Les risques sont aggravés du fait de l'adjonction de gènes en provenance d'organismes n'entrant pas dans la consommation alimentaire usuelle. Si l'exemple de l'introduction d'un gène de banane dans une tomate, pris souvent en exemple par les défenseurs des OGM, semble présenter des risques limités, il n'en est pas de même si le gène provient d'un scorpion ou d'un pétunia.
Les scientifiques nous ont assuré que les risques étaient infimes, du fait des gènes utilisés. Cela a malheureusement déjà été contredit, malgré le caractère récent des manipulations génétiques. La société Pioneer, première compagnie semencière mondiale, a produit un soja plus riche en méthionine, acide aminé essentiel qui n'est pas produit naturellement par l'homme. Pour ce faire, elle a rajouté à ce soja un gène en provenance de la noix du Brésil. Des tests en laboratoire ont été faits pour vérifier que ce nouveau soja ne présentait pas de caractère allergène particulier, ils ont tous été négatifs. La noix du Brésil étant connue pour son puissant caractère allergène, des tests plus poussés ont été effectués, à partir du sérum sanguin de personnes présentant cette allergie. On s'est alors rendu compte que les personnes allergiques à la noix du Brésil étaient également allergiques à ce soja manipulé. Il n'a donc jamais été commercialisé. Cela démontre cependant le peu de fiabilité des tests faits en laboratoire. Or, pour la majorité des manipulations génétiques, ces tests en laboratoire sont les seuls faisables, simplement parce qu'on ne connaît pas de consommateurs allergiques au scorpion ou au pétunia. Le public servira donc de cobaye malgré les risques encourus. Chaque jour, on découvre de nouvelles allergies à de nouveaux produits. On sait relativement peu de choses sur ces allergies, les causes et les circonstances de leur apparition. Il serait dans cette optique prudent de ne pas en augmenter inutilement les risques.

 

Les OGM en Europe

Historique

1. La mise sur le marché des produits alimentaires

La réglementation relative à la dissémination d’organismes transgéniques est fondée sur la directive européenne 90/220 CEE du 23 avril 1990. Cette directive horizontale avait pour objectif l’harmonisation des procédures d’évaluation et d’autorisation de dissémination des organismes transgéniques.

Après approbation par les instances de l’un des états membres – au terme d’une évaluation des risques potentiels pour l’homme et pour l’environnement – le dossier est transmis aux autorités compétentes des autres Etats. Ils ont 60 jours pour demander des expertises supplémentaires, au delà de ce délai, la Commission transmet, à l’état membre auprès duquel la requête a été formulée les précisions demandées.

L’Etat doit alors statuer sur l’autorisation de dissémination et/ou de commercialisation. Cette décision étant applicable dans tous les états membres de l’Union (cf. fig.3 -Schéma d’autorisation de Mise sur le Marché).


Schéma d’autorisation de mise sur le marché des OGM

En décembre 1996 et en janvier 1997, la Commission accorde l’Autorisation de Mise sur le Marché à deux produits issus de la transformation génétique: le soja " RoundUp Ready " et le maïs BT Novartis. Cette autorisation ne donne pas lieu à une obligation d’étiquetage spécifiant la présence d’OGM du fait de l’innocuité des aliments. La réglementation étant soumise aux textes généraux des aliments.

Cette autorisation de mise sur le marché a été mal perçue par certains états membres qui interdisent l’importation de maïs et de soja transgéniques, c’est le cas notamment du Luxembourg, de l‘Italie et de l’Autriche. Ces attitudes nationales risquant d’entraver la libre circulation des denrées alimentaires et de créer des conditions de concurrence déloyale affectant le marché intérieur, il était nécessaire d’adopter une politique commune en matière d’OGM et de prévoir un cadre communautaire pour l’étiquetage des nouveaux aliments et ingrédients. La Commission a donc adopté un règlement (novel foods) qui est la clef de voûte du règlement des OGM, bien que celui ci ne soit pas spécifique de ces aliments. L’importance de ce texte mérite que l’on explique certains articles pour mieux comprendre la situation actuelle. Le règlement (CE) n° 258-97 du 27 janvier 1997 relatif aux nouveaux aliments et aux nouveaux ingrédients alimentaires est une législation dite "sectorielle", qui a pour but de définir les modalités d'évaluation de la sécurité alimentaire des nouveaux aliments et de mettre en place une procédure d'autorisation communautaire et d'étiquetage de ces produits. Ce règlement, dit " nouveaux aliments " est entré en vigueur le 15 mai 1997.

En ce qui concerne l'étiquetage de certains produits issus du maïs et du soja transgéniques, ce règlement a été complété par les règlements (CE):

· n° 1813-97 du 19 septembre 1997 concernant l'étiquetage de certaines denrées alimentaires produites à partir d'organismes génétiquement modifiés, entré en vigueur le 1er novembre 1997

· n° 1139-98 du 26 mai 1998.

Ces textes sont directement applicables en droit français, sans transposition législative.

· Les critères généraux de Mise sur le Marché: Les aliments ou ingrédients relevant du règlement des novel foods ne doivent pas:

· présenter de danger pour le consommateur

· induire le consommateur en erreur;

· différer les aliments et ingrédients alimentaires qu’ils sont destinés à remplacer à un point et que leur consommation normale impliquerait des inconvénients nutritionnels pour le consommateur.

· L'article 8 du règlement " nouveaux aliments " fixe le principe d'une obligation d'étiquetage en vue d'informer le consommateur final

" Toute caractéristique ou propriété alimentaire, telle que:

· la composition,

· la valeur nutritive ou les effets nutritionnels,

· l'usage auquel l'aliment est destiné,

en raison de laquelle un nouvel aliment ou ingrédient alimentaire n'est plus équivalent à un aliment ou ingrédient alimentaire existant.

Que doit-on étiqueter?

En l'absence de séparation des approvisionnements (notamment américains, argentins et canadiens) selon leur nature (issu ou non du génie génétique), et en l'absence d'informations fiables sur la nature exacte de chaque lot, la mention "susceptible de contenir des OGM" ou "peut contenir" peut-elle être apposée?

Faut-il mettre: "contient" dès que la preuve qu'il n'y en ait pas n'est pas faite, et dans ce cas, que penser de produits étiquetés " issus d'OGM " alors qu'ils auraient la même composition que des aliments traditionnels?

Le récent règlement du 26 mai 1998 1139/98 CEE essaie, face au problème de l’étiquetage, de répondre à quelques questions, laissant cependant l’obligation d’étiquetage impossible à réaliser. Ce règlement concerne les deux espèces autorisées en France, la fève de soja et le maïs. Les denrées qui ne contiennent pas de protéines ni d’ADN résultant d’une modification génétique, ne sont pas soumises aux exigences spécifiques d’étiquetage. Les associations de consommateurs ne sont alors pas convaincues de l’efficacité de cet étiquetage si la méthode de production n’est pas indiquée.

Ce règlement répond ensuite au problème pratique de l’étiquetage:

Dans la liste des ingrédients, le maïs ou le soja, s’ils contiennent une modification génétique doit faire apparaître la mention entre parenthèse " produit à partir du soja ou de maïs génétiquement modifié "; cette mention peut apparaître au bas de listes des ingrédients relié par un " * " à l’ingrédient concerné.

Si le produit ne contient pas de liste d’ingrédient, la mention " soja ou maïs génétiquement modifié " doit apparaître clairement.

Ce règlement est entré en vigueur en septembre 1998 et les industriels avaient 90 jours pour mettre en application ce texte, ceci dit, le texte reste inapplicable tant que la liste des produits à étiqueter n’est pas établie, que des méthodes d’analyse et de détection ne sont pas validées et que le seuil de détection n’est pas précisé.

2. L’autorisation de mise en culture.

L’extraordinaire ballet d’indécision et de revirement politique auquel a donné lieu l’arrivée en France de plantes transgéniques, se double d’un véritable imbroglio juridique. Alors même que les résistances de bactéries pathogènes chez l’homme ne cessent de se développer, le maïs comportant un gène de résistance a l’ampicilline bafoue le principe de précaution selon les associations écologistes. Après avoir fait l’objet d’une valse hésitation, le maïs a été autorisé en février 1998 par le gouvernement français. Le 30 juillet 1998, la France autorise la mise sur le marché de trois nouvelles espèces de plantes transgéniques et coup de théâtre deux mois plus tard: le conseil d’Etat, saisi par Greenpeace France et plusieurs autres associations écologistes, décidait le 25 septembre de suspendre provisoirement l’exécution de l’arrêté du 5 février autorisant l’inscription au catalogue officiel des 3 variétés de maïs transgéniques de la société Novartis.

Le 11 décembre, le conseil d’Etat a tranché en décidant de ne pas décider! Il renvoi le problème devant la cour européenne de justice. Elle est chargée de lui indiquer l’étendue de ses propres compétences en la matière. Cette suspension restera en vigueur jusqu’à ce que la cour du Luxembourg tranche: dans un an au plus tôt, trois au plus tard. En attendant, les 12 tonnes de maïs de la récolte de septembre 1998 restent dans les silos, jusqu’à ce qu'une décision soit prise.

La longueur et la complexité des décisions juridiques risque de créer une confusion dans l’esprit du consommateur, voire de générer des peurs telles que celles entourant la vache folle. Il est dommage que les Etats ne s’organisent pas pour rendre compréhensible les décisions qui concernent la vie quotidienne de chacun, et pour éviter les renvois incessants entre juridictions nationales et européennes.

 

5. La traçabilité

Les lacunes du règlement sur l’étiquetage et les faiblesses des méthodes d’analyse limitent la liberté de choix des consommateurs. La mise en place de filières indépendantes de production peut être une réponse pour permettre au consommateur de faire un choix éclairé.

Définition

La traçabilité est donc une organisation qui permet de relier tous les stades de la filière agroalimentaire, de l’agriculteur au produit fini présenté aux consommateurs.

Elle doit retracer, dans la transparence:

· l’origine du produit,

· son historique,

· ses composants.

La traçabilité doit en plus permettre de donner une réponse immédiate à toute question provenant du consommateur concernant un risque alimentaire réel ou fictif relatif au produit commercialisé.

Modalité de la traçabilité

La première étape, où l’on doit tracer les gènes introduits, correspondra à la sortie du laboratoire du semencier jusqu’à la commercialisation des semences génétiquement modifiées. En effet, il serait nécessaire d’identifier le ou les gènes introduits par attribution d’un numéro d’immatriculation. Cette codification doit suivre les grains tout au long de la chaîne: aussi bien au niveau des laboratoires de sélection, de la production au sein des usines et sur les sacs de semences.

Il sera aussi nécessaire d’évaluer la faisabilité de ce système pour les producteurs qui assurent leur mise en culture sans s’approvisionner sur le marché des matières premières.

La seconde étape concernera les producteurs de matières premières qui seront à même grâce à la codification (vue dans la première étape) de garantir la nature de leur culture.

Mais même en misant sur la discipline des producteurs, qui ont déjà l’habitude de séparer leur récoltes dans différents silos, la séparation des filières " avec " et " sans OGM " supposerait la mise en place de deux équipements entiers de collecte; un pour les plantes " conventionnelles " un pour les plantes modifiées, sans quoi les risques de contamination croisée seraient possibles.

Une deuxième difficulté serait de savoir comment le producteur de culture " sans OGM " pourra-t-il assurer la non contamination de ses cultures si un champ voisin contient des OGM?

Une solution serait une organisation efficace des cultures en éloignant le plus possible les champs contenant les même espèces végétales, évitant ainsi par la distance les pollinisations interespèces (distance de sécurité entre parcelles).

Un autre problème concernerait les végétaux pour lesquels nous sommes en grande partie liés à d’autres pays par l’importation. C’est l’exemple concret du soja importé des USA. La question qui se pose est: " Comment dans ce cas là peut-on avoir un pouvoir de pression assez grand pour obliger dans d’autres pays la séparation des filières? ". Il est vrai que vis à vis des coûts induits, les pratiques de stockage et de transport outre atlantique par bateau empêchent toute séparation.

La dernière étape est la production industrielle qui implique la matière première dans un processus visant à aboutir à un produit fini commercialisable. C’est la fin de la chaîne agroalimentaire et tout ce qui concerne donc la séparation des filières en industrie est forcement lié à la traçabilité des matières premières. On pourrait retrouver ici un système de suivi par code barre.

Autrement dit, la création d’une filière d’agriculture labellisée "sans OGM", sur le modèle de la filière "agriculture biologique" se développera certainement. Mais elle ne sera pas facile à mettre en place d’autant plus que cette traçabilité rencontrera une complexité croissante au fur et à mesure que l’on avance dans la chaîne agroalimentaire. Il ne suffit alors pas d’intéresser les agriculteurs mais aussi les courtiers, les transporteurs et les transformateurs qui devront tous assurer l’origine, l’historique, la nature du produit et ainsi garantir sa non contamination.

C’est finalement l’installation d’une gigantesque filière "parallèle" qui serait nécessaire et impliquerait donc un contrôle et un suivi des matières premières de leur semence à leur transformation finale. Pour cela il faudrait:

· des semences certifiées "sans OGM",

· des champs séparés pour assurer la non pollinisation,

· des moyens de récolte, de transport et de stockage spécifiques,

· des industries ayant des lignes protégés et dédiées,

Tout cela avec une communication rigoureuse et un esprit de confiance.

Une solution serait peut être une production assez localisée c’est à dire que les récoltes de matières premières et leurs transformations devraient rester en territoire proche pour être bien suivi.

Cette séparation des filières apporterait bien sûr une forte augmentation des produits "sans OGM" en comparaison un peu avec "les produits bio".

Reste maintenant à savoir qui devra payer le surcoût (5 à 10 % selon les produits) de cette filière. Car il serait paradoxal que ceux qui souhaitent éviter les produits transgéniques soient condamnés à supporter des hausses de prix alors que, comme le soulignait la Conférence des Citoyens, les consommateurs français n’ont jamais été demandeurs d’OGM.

 

XV. CLONAGE

 

Dans son sens le plus général, le clonage consiste, en biologie cellulaire, à obtenir, par multiplication mitotique d'une seule cellule souche, une colonie de bactéries ou de cellules animales ou végétales. Toutes les cellules d'une telle colonie possèdent le même patrimoine génétique et constituent un clone. Dans cette acception, on produit, en génétique agricole, des plantes qui sont des clones, car elles sont entièrement régénérées à partir d'une seule cellule cultivée sur milieu approprié et non par fusion de deux cellules sexuelles. Dans la recherche médicale, une autre forme de clones est utilisée pour la production de vaccins ou d'outils de diagnostic: les hybridomes, obtenus par fusion de deux cellules non sexuelles dont l'une a la propriété de sécréter un anticorps. Les hybridomes, cultivés in vitro, se multiplient pour former des clones et produisent des anticorps dits monoclonaux.

Dans le domaine du génie génétique, le terme clonage désigne plus particulièrement l'opération qui consiste à isoler et multiplier une bactérie dans laquelle a été inséré un gène provenant d'une espèce animale ou végétale: on parle alors de clonage de gène. Celui-ci peut se pratiquer soit directement avec des fragments d'ADN résultant du fractionnement d'un génome, soit avec des ADN complémentaires qui sont des copies de gènes obtenus par l'intermédiaire de l'ARN messager. La possibilité d'obtenir à l'état pur et en grande quantité un gène, ou le produit d'un gène donné, permet de fabriquer, à l'aide de bactéries, des substances utiles en médecine, dans l'agriculture ou pour la recherche.

1. Le premier clonage d'un mammifère

Longtemps tenu pour impossible, le clonage d'un mammifère supérieur est devenu une réalité, avec la naissance de la brebis Dolly, le 5 juillet 1996. Si cette naissance ne révolutionne pas la génétique, elle ouvre de nouvelles perspectives dans le champ de la science fondamentale et de la maîtrise du vivant: désormais, l'être humain a le pouvoir de se modifier lui-même génétiquement. Mais cette découverte capitale dans l'histoire de la biologie et les applications pratiques qu'elle présuppose soulèvent des problèmes d'une portée considérable, en particulier celui de la légitimité des travaux que l'on pourrait conduire sur l'homme.

Sont appelés «clones» des êtres vivants dotés du même patrimoine génétique. Chez l'homme, le phénomène est spontané et existe à l'état naturel: un œuf se scinde en deux pour donner de vrais jumeaux (dans 30 % des cas de grossesse gémellaire). Chez les animaux domestiques, tels que la vache ou le mouton, ce phénomène arrive très rarement de façon spontanée.

Depuis le début des années 1980, on savait produire expérimentalement des jumeaux semblables à ceux qui se formeraient spontanément à partir d'un seul œuf. Pour ce faire, chez les bovins ou les ovins, on partage en deux un embryon âgé de cinq jours, que l'on réimplante dans une femelle porteuse. Ces deux moitiés d'embryon se révèlent alors douées d'une capacité à redonner un veau ou un agneau normal, comme s'il était issu d'un œuf entier. Mais le cas de Dolly, la première brebis clonée, nous entraîne encore plus loin. La science-fiction est devenue une réalité grâce à la percée scientifique réalisée en février 1997 par deux embryologistes écossais, Ian Wilmut et Keith Campbell, du Roslin Institute d'Edimbourg, un centre de recherche agronomique financé par des fonds publics: l'agnelle Dolly, clone de sa mère, est née sans père biologique. Son existence est le résultat de dizaines d'années de recherches et de tâtonnements qui ont abouti à une opération réussie de transplantation nucléaire dans un ovocyte.

Historique des recherches

L'aventure a commencé en 1952. Mettant en pratique le projet d'un embryologiste allemand, Hans Spemann, des chercheurs américains, Robert Briggs et Thomas King, prélevèrent les noyaux de cellules d'embryons de grenouille et les transplantèrent dans des ovocytes d'autres grenouilles privée de leur noyau. L'objectif était de s'assurer que chacune des cellules de l'embryon contenait la totalité du programme génétique requis pour mener à son terme le développement des individus. Et cela semblait être le cas puisque les têtards qui naquirent à l'issue de cette expérience étaient capables de nager. Lors d'une autre série d'expériences, les chercheurs finirent par obtenir non plus seulement des têtards, mais des batraciens adultes.

Aborder les mammifères a représenté une tout autre affaire. Une première série de transplantations de noyaux dans les cellules énucléées d'une souris, en 1983, délivra un certain nombre d'enseignements, dont un chercheur danois, Steen Willadsen, tira parti l'année suivante. Il tenta l'expérience chez le mouton à partir d'embryons composés de 8 ou 16 cellules transplantées dans des ovocytes non fécondes et énucléés: les moutons qui naquirent parvinrent au stade adulte en bonne santé. En 1986, l'Américain Neil First réussit à faire naître un veau à partir d'un embryon obtenu par manipulation biologique. Aujourd'hui, plus de 3 000 veaux sont nés à partir de cellules embryonnaires récoltées in vivo ou à la suite de fécondation in vitro. Grâce à ces techniques, on a pu obtenir également d'autres mammifères, notamment des chèvres et des lapins.

Mais, jusqu'au début des années 1990, l'application de cette technique aux mammifères donna lieu à de nombreux échecs: en effet, le développement des cellules en gestation s'interrompait, le plus souvent, en raison d'anomalies chromosomiques. Une explication fut proposée: on ignorait de quelle manière synchroniser le cycle de réplication de la cellule embryonnaire donneuse et celui de la cellule énucléée receveuse. Dans la nature, les cellules se développent de manière synchrone; la difficulté est de reproduire ce développement en laboratoire. C'est ce que l'équipe écossaise du Roslin Institute fut la première à réaliser.

Une reprogrammation génétique

La clé de cette expérience est la manière originale dont l'équipe de chercheurs a manipulé les cellules ayant fourni le matériel génétique à l'origine du développement de Dolly. La mère de Dolly est une brebis blanche Finn Dorset âgée de six ans. Dans une de ses glandes mammaires, les embryologistes écossais ont prélevé des cellules qu'ils ont cultivées in vitro. Ils les ont «affamées» en les plaçant dans une solution contenant le minimum d'éléments nutritifs nécessaires à leur maintien en vie.

Ces cellules sont entrées en état d'hibernation, interrompant dès lors leur cycle de réplication. Elles ont cessé de se diviser et de copier leur ADN. Tous leurs gènes se sont désactivés, à l'exception d'un seul, celui qui assure le maintien des fonctions vitales. Puis chacune de ces cellules somatiques a été transplantée dans une cellule sexuelle, un ovocyte non fécondé et énucléé d'une brebis porteuse (une Scottish Blackface), où elle s'est développée. L'ovocyte énucléé prend le temps de reprogrammer son nouveau noyau. On ignore encore quel est le processus biochimique de cette reprogrammation, mais on estime que l'ovule contient des enzymes et des protéines suffisamment actives pour reconstruire un noyau spécialisé.

Une telle reprogrammation au niveau génétique contredit toutes les croyances actuelles en matière de biologie moléculaire. La majorité des spécialistes s'accordaient à dire que le clonage à partir d'une cellule prélevée sur l'être vivant adulte relevait du mythe scientifique: comment une simple cellule somatique, donc non reproductrice, extraite d'un muscle ou de toute autre partie du corps, pouvait-elle, même si on l'introduisait dans un ovocyte, se comporter comme une cellule reproductrice (ovule ou spermatozoïde) et aboutir au développement d'un individu viable? Pourtant, ce sont 29 embryons - sur les 277 «fabriqués» à partir de cellules de glande mammaire - que les chercheurs écossais ont pu implanter dans l'utérus de treize brebis. Une seule d'entre elles a donné naissance, après cinq mois de gestation, à un agneau, ou plus précisément à une agnelle qui a été baptisée Dolly (par référence à Dolly Parton, chanteuse country très connue aux États-Unis, notamment pour ses généreuses mensurations).

Les perspectives annoncées

Le clonage de Dolly a inauguré pour les scientifiques de nouvelles voies de recherches en embryologie, sur le fonctionnement des gènes proprement dit et des chromosomes qui les portent. Ce n'est pourtant pas là le point essentiel. En effet, le clonage des mammifères offre deux intérêts principaux, économique et scientifique, qui sont plus ou moins liés.

S'il ne révolutionne pas la génétique, le clonage animal met néanmoins à sa disposition un puissant instrument. Dans de nombreux domaines de la recherche, les scientifiques ont ardemment besoin d'animaux de laboratoire parfaitement identiques: on peut imaginer d'élever des groupes de singes clonés pour tester les médicaments.

Mais l'application la plus probable passe par une étape intermédiaire: la transgenèse. Il s'agirait de produire des clones d'animaux transgéniques; la technologie génétique permet de transférer chez une plante ou un animal le gène responsable d'un caractère utile à l'homme. En effet, des vaches, des moutons, des chèvres ou des lapins, dont on a modifié le génome, sont déjà capables de produire dans leur lait des protéines présentant un intérêt thérapeutique ou des molécules nécessaires au traitement de certaines maladies humaines. Des médicaments de ce type, extraits du lait puis purifiés, sont aujourd'hui disponibles. C'est le cas de l'alpha-1-antitrypsine (susceptible de traiter la mucoviscidose), de l'antithrombine III (un anticoagulant) ou du facteur IX humain (traitement de l'hémophilie). La création d'animaux transgéniques n'obtient qu'un taux de réussite extrêmement faible (de l'ordre de 1 %). D'où l'intérêt de cloner un animal d'ores et déjà reprogrammé. C'est ce qu'a réussi au mois de juillet 1997 l'équipe d'Edimbourg, qui, après Dolly, a présenté à la presse Polly, brebis clonée porteuse d'un gène humain qui produira dans son lait des protéines thérapeutiques. Après l'équipe écossaise, des clonages de mammifères ont été réalisés par plusieurs équipes de biologistes, notamment en France, par une équipe de l'Institut de recherche agronomique (INRA) qui est parvenue à cloner un veau, Marguerite (né en février 1998 et mort dès le 4 avril suivant). Par ailleurs une équipe de biologistes de l'université de Hawaii a révélé en décembre 1997 avoir cloné plus d'une cinquantaine de souris sur trois générations.

Le développement du clonage de mammifères permettrait aussi de créer des populations d'animaux indemnes d'agents infectieux, afin de constituer une réserve de tissus et d'organes susceptibles d'être greffés sur l'homme. Des tentatives sont en cours pour développer des élevages de porcs transgéniques. En effet, il est une autre utilisation où l'homogénéité d'une population animale s'avérerait précieuse: les xénogreffes, ou greffes d'organes d'animaux sur l'homme. Les porcs destinés à cet usage subiraient des modifications génétiques pour que leurs organes ne provoquent pas de conflit immunitaire avec l'organisme hôte. Le clonage des meilleurs candidats représenterait un réel progrès.

Cette série d'applications potentielles et les enjeux économiques qu'elle sous-tend expliquent pourquoi les «pères» de Dolly et de Polly se sont empressés de breveter leur découverte. Le clonage des mammifères représente une arme supplémentaire dans la concurrence impitoyable que se livrent les firmes de biotechnologie de par le monde.

Dans le domaine économique, les retombées du clonage offrent des perspectives plus lointaines que dans les domaines de la médecine et de la pharmacie. Il faut d'ailleurs reconnaître que la validité économique du clonage divise les experts concernés, en l'occurrence les experts agricoles. Et cela, quelles que soient les méthodes utilisées actuellement: la division d'un embryon en deux, qui ne permet d'obtenir que deux individus; la fusion de cellules d'embryon, issu du croisement de bovins d'élite, et d'ovocytes énucléés, prélevés dans des ovaires récupérés en abattoir, suivie de leur implantation dans l'utérus d'une génisse receveuse, et qui donne, au mieux, une vingtaine d'embryons (dont seulement deux seront probablement viables, le taux d'échecs étant proche de 90 %); ou la technique mise au point au Roslin Institute, qui est censée augmenter la productivité du clonage et, partant, le rendement financier des produits agricoles. La culture des cellules hibernées permettrait, en les multipliant, d'obtenir une infinité de clones.

Les applications du clonage escomptées dans le domaine de l'élevage sont multiples. Il deviendrait possible d'accélérer le cycle de sélection en amont. Les têtes sélectionnées issues d'animaux d'élite parfaitement identiques suivraient le même rythme de croissance. L'industrie agroalimentaire proposerait au consommateur des produits à la qualité plus homogène.

Toujours selon les chercheurs, l'entretien mais aussi le développement des races à faibles effectifs seraient facilités, de même que le clonage d'animaux réfractaires aux maladies, indemnes d'agents pathogènes nuisibles pour l'homme, adaptés à des conditions climatiques précaires ou présentant une longévité optimale. Mais des perspectives de recherches aux applications en agriculture, de l'expérience réussie à l'exploitation économique, il reste de nombreux obstacles à surmonter, de nombreuses voies à baliser et, lorsque la science rencontre l'éthique, un grand débat à affronter.

3. Les questions éthiques

La naissance de Dolly constitue un tournant dans la science et pour la pensée. Elle suggère que l'homme a le pouvoir de contrôler son destin biologique. Car ce qui marche pour les moutons marche aussi, probablement, sur l'homme. Rien n'empêche, en principe, d'appliquer les techniques de clonage à l'homme, indique Ian Wilmut. Mais, ajoute-t-il, «c'est une idée inacceptable». Si le créateur de Dolly lui-même en appelle à la morale, c'est l'ensemble de la communauté scientifique qui, renvoyée à sa seule conscience, se tourne vers le législateur.

Or, l'annonce de la naissance de Dolly a immédiatement suscité de vives discussions aux États-Unis (où le président Clinton a appelé à un moratoire sur ces recherches) et en Europe, aussi bien dans la communauté scientifique que dans les milieux politiques. Cet effort de recherche morale et les questions que celle-ci fait naître sont fondés sur le respect des droits de l'homme, auxquels s'ajoutent à présent ceux de l'espèce humaine. Le clonage d'êtres humains est interdit en Europe. En mars 1997, le Parlement européen a demandé aux États membres de l'Union européenne d'interdire les recherches sur le clonage humain. Aux États-Unis, actuellement, aucune loi ne bannit cette pratique. En 1993, à Washington, des chercheurs ont tenté de cloner des embryons humains. Si l'expérience ne souleva pas autant de remous que la naissance de Dolly, c'est que l'équipe américaine s'était contentée de «ligaturer» des embryons fécondés pour les forcer à se scinder en deux, de manière à créer des jumeaux artificiels plutôt que de véritables clones. Mais à la différence de Dolly, ces jumeaux ne virent jamais le jour. Leur existence, très brève, s'acheva avant la trente-deuxième division cellulaire.

Ce qui, pour beaucoup, fonde l'interdiction du clonage humain du point de vue éthique, c'est qu'il apparaît comme une transgression de l'ordre naturel, substituant à la sexualité des pratiques artificielles. C'est ce qu'on a pu reprocher aux techniques d'assistance médicale à la procréation (AMP), comme la fécondation in vitro. Cependant, du point de vue biologique, tout au moins, ces techniques respectent les fondements de la sexualité, selon lesquels deux cellules germinales issues de deux êtres différents s'unissent et mélangent leur patrimoine génétique pour en créer un troisième, nouveau et unique. Dans le cas du clonage humain, c'est une autre limite que l'on franchit. Il ne serait plus question de procréation, mais de réplication. C'est, a-t-on pu dire, remplacer le sexe par la photocopieuse.

Quoi qu'il en soit, il n'est pas certain que l'opinion publique, sensible aux progrès apportés par les nouvelles technologies, souhaite l'interdiction de toutes les utilisations du clonage humain. Le débat actuel en matière de bioéthique illustre la difficulté à appliquer l'aphorisme de Rabelais: "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme."

 

 

4. Réponses aux contre-vérités et mensonges sur le clonage humain

Le clonage est aujourd’hui dénoncé, vilipendé, criminalisé. La plupart des arguments avancés sont néanmoins des sophismes et des contre-vérités, voire des idioties pures et simples. En guise d’explication et de débat, nous avons droit aux menaces et aux cris des vierges humanistes effarouchées. Voici enfin des réponses simples, clairement argumentées et scientifiquement fondées, à l’hystérie ambiante. La Mutation est en marche!

1. Le clonage n’est pas naturel C’est faux. La reproduction des êtres à l’identique est au contraire très répandue dans l’histoire de la vie. Toutes les bactéries, un grand nombre de plantes, certains insectes et quelques reptiles se reproduisent depuis toujours par clonage. Par ailleurs, les vrais jumeaux humains sont aussi de vrais clones: leur génome nucléaire et leur génome mitochondrial est parfaitement identique. Non fondé sur les faits, l’argument de la naturalité du clonage est aussi idiot. La roue et l’électricité ne sont pas naturelles non plus: faut-il les interdire? Le préservatif et la pilule ne sont pas naturels: faut-il les interdire? La fécondation in vitro et la péridurale ne sont pas naturelles: faut-il les interdire? L’espèce humaine s’est développée à travers ses artifices.

2. Le clonage est contraire à la volonté divine. Cet argument d’autorité découle bien sûr de la foi en dieu. On ne discute pas des goûts ni des couleurs: libre aux croyants de refuser le clonage; libre aux agnostiques et aux athées d’agir selon leur conscience. Droit de refuser, droit d’accepter… en un mot: droit de choisir. Défendre une position contraire, c’est défendre la théocratie contre la démocratie, l’obscurantisme contre la raison, l’intolérance contre le libre-arbitre. Les démocraties sont capables d’accepter une pluralité d’opinion, car on y suppose que la morale, le mode de vie, les convictions découlent du consentement volontaire des individus, et non de l’autorité de l’Etat ou de la pression d’une majorité. Une minorité ne peut être contrainte de modifier ses choix que s’ils mettent en péril les droits élémentaires de la majorité. Or, tel n’est pas le cas dans le clonage.

3. Le clonage instrumentalise le vivant. L’expression est creuse. Mais elle est compliquée et on l’utilise beaucoup pour cette raison: elle impressionne facilement un auditoire qui ne comprend pas très bien de quoi il retourne. En langage clair, “ instrumentaliser le vivant ” signifie utiliser ce qui est vivant pour une fin donnée. L’homme le fait en permanence: mettre du pesticide dans son jardin, cultiver des plantes et élever du bétail pour se nourrir, absorber un antibiotique pour tuer une bactérie, prendre la pilule contraceptive pour contrarier l’ovulation, prendre la pilule abortive pour supprimer un œuf, avorter un embryon ou un fœtus non désiré, etc. Tout cela relève bel et bien de l’ “ instrumentalisation du vivant ”. Et alors?

4. Le clonage nie la dignité humaine. Le clonage est recherché par des êtres humains qui veulent se reproduire ou qui veulent reproduire un enfant disparu sans disposer d’autres moyens pour cela. Est-il digne de leur refuser ce qui fait le sens de la vie pour beaucoup, à savoir répliquer son être à travers ses gènes? En quoi un bébé en bonne santé reproduit par clonage serait-il plus indigne de vivre qu’un autre? Par ailleurs, la notion de “ dignité humaine ” a toujours été relative. Les régimes totalitaires n’ont pas hésité à l’utiliser à leur profit: les nazis parlaient de “ vies non dignes d’être vécues ”, par exemple, pour supprimer de manière autoritaire les handicapés. Contre ces dérives inacceptables, chacun doit être son propre juge de la dignité de soi et de ses descendants. Et chacun doit assumer la responsabilité de ses actes.

5. Le clonage est réservé aux riches. Comme 90 % des nouvelles technologies: hier, les premières voitures, les premières radios, les premières télévisions étaient réservées aux riches. Fallait-il les interdire? Faut-il arrêter aujourd’hui les recherches en biologie, médecine, astronomie, informatique, etc. sous le seul prétexte que les pauvres n’ont pas un accès immédiat à leurs retombées? L’argument des pauvres contre les riches est donc de nature démagogique, quand il ne cache pas une vision idéologique archaïque de la société. Qui plus est, le clonage est une question privée: il ne relève pas des dépenses publiques, dont on peut toujours discuter de manière démocratique la répartition.

6. Le clonage reproduit des individus potentiellement éliminés par la sélection naturelle. Bien sûr: sans le clonage, certains individus stériles resteraient sans descendance. Mais il en va de même pour les deux tiers d’entre nous: sans la médecine, nous serions morts avant d’avoir été capables de procréer. Eliminons pendant deux générations les antibiotiques, et la population mondiale ne manquerait pas de décroître rapidement! Même si cette vérité est désagréable à entendre, il faut bien que reconnaître que la grande majorité des hommes modernes sont des “ animaux malades ” maintenus en vie par le progrès biotechnologique. Veut-on pour autant un retour au paléolithique et une espérance de vie moyenne de 25 ans? L’homme doit-il être le jouet impuissant de la sélection naturelle ou doit-il choisir souverainement son destin, selon sa propre volonté, c’est-à-dire sa propre sélection?

7. Le clonage fera du futur clone une “ bête curieuse ”. Les seuls arguments valables concernant le clonage regardent en effet le clone lui-même. A défaut de consensus sur les bases d’une improbable “ morale universelle ”, tout le monde considère au moins qu’il ne faut pas faire à autrui ce que l’on aimerait pas qu’autrui nous fasse. La transformation du clone en “ bête curieuse ” relèverait d’une opinion publique chauffée à blanc par les médias. La faute morale en incomberait non au clone ou à ses géniteurs, mais à certains journalistes en panne de soi-disant “ transparence ”. Sous prétexte de sensationnalisme, on gâche ainsi des vies qui ne demandent qu’à rester paisibles et privées. Un traitement rationnel de l’information considère l’enfant clone comme n’importe quel autre enfant. Il en va de même pour le bon sens: cet enfant, qui sera peut-être votre voisin, sera impossible à distinguer d’un autre. Par ailleurs, les hystéries médiatiques disparaissent aussi vite qu’elles sont apparues: parmi les moins de 30 ans, qui est capable de citer le nom du premier bébé éprouvette, lui aussi promis à un destin social funeste par certains médias de l’époque?

8. Le clonage créera une instabilité psychologique majeure chez l’enfant.

La “ stabilité psychologique ” dépend d’un grand nombre de facteurs dont certains sont d’origine purement biologique: le bonheur de vivre ne se décrète pas, il se ressent souvent de manière innée. Des enfants ayant vécu des expériences traumatisantes (pédophilie, déportation, violence) sont parfaitement à l’aise à l’âge adulte. D’autres, ayant vécu dans un environnement “ normal ” et protégé, deviennent au contraire des asociaux ou se trouvent mal dans leur peau. Etre né de deux parents biologiques “ classiques ” n’est certainement pas une garantie de bonheur. Etre né de clonage n’est pas non plus une malédiction assurée. Il est certain que les premiers enfants clones demanderont un suivi attentif de leur maturation psychologique, notamment de la capacité à comprendre et accepter leur naissance. A mesure que la technique sera banalisée, elle sera de moins en moins traumatisante: le clone n’aura pas le sentiment d’une altérité radicale.

9. Le clonage produira des individus sans identité propre, des “ photocopies ”. Absurde. Les vrais jumeaux ont exactement le même bagage génétique, plus encore que les clones (car leurs mitochondries, héritées de la mère, sont identiques, ce qui ne sera pas le cas des clones par rapport à leur géniteur). Or, tout le monde sait que les jumeaux vivent leur vie sans avoir l’impression d’être des photocopies. Ils possèdent pourtant une étonnante ressemblance, aussi bien physique que psychologique. Mais les gènes ne déterminent pas tout: chaque individu réagit à sa manière dans son environnement. Par ailleurs, les jumeaux souffrent très rarement de leur similitude. Ils témoignent au contraire d’un sentiment très puissant d’affection, de liens intimes. Rien ne dit que le clone n’éprouvera pas la même relation à l’égard de son géniteur.

10. Le clonage va devenir le seul mode de reproduction. C’est déjà ce que l’on pronostiquait pour les bébés éprouvette. En fait, la procréation médicalement assistée, dont le clonage reproductif est simplement une variante, représente une solution de dernier recours, pour ceux qui ne peuvent avoir d’enfants autrement. Le clonage “ de confort ” restera fort longtemps l’exception. L’immense majorité des êtres humains continueront longtemps à utiliser la bonne vieille fécondation naturelle, qui a le mérite de joindre l’utile à l’agréable! Si le clonage devenait un jour d’accès plus facile, s’il venait à se répandre, nous serions toujours confrontés à la même question fondamentale: au nom de quoi faudrait-il l’interdire? Quel serait l’impératif absolu capable de s’imposer de manière autoritaire à tous les individus de la planète? Qui pourrait décider arbitrairement au nom de l’espèce humaine, contre l’avis de certains membres de cette espèce humaine?

11. Le clonage est une arme pour les dictateurs fous. Il s’agit là d’un mauvais scénario de science-fiction. Les dictateurs (qui sont rarement fous) ont autre chose à faire que d’investir dans un clonage de masse. Pour assujettir une population, il est inutile de recourir à une solution aussi coûteuse et aléatoire: le fait d’être cloné n’imprime pas l’obéissance dans le cerveau! Il est beaucoup plus simple d’utiliser les moyens classiques de terreur et de propagande. Quand on y réfléchit bien, tout peut devenir une arme dans la main d’un dictateur fou: c’est le problème de la dictature, pas le problème du clonage. En réalité, c’est la lutte contre le clonage qui offre aujourd’hui le visage de la dictature universelle. Une poignée de fanatiques semblent prêts à imposer une loi universelle, planétaire, frappant les 6 milliards d’humains sans aucune considération pour la diversité de leurs convictions.

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