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В придаточном сравнительном предложении. 12 глава

ТЕКСТ 44

LA PRISE DE LA BASTILLE (14 juillet 1789)

Ce matin-là, Paris sent la poudre1. Des groupes excités se forment
dans les rues, sur les places. «Citoyens, la liberté est menacée par les
tyrans; nous voulons des armes pour la défendre!

— Oui! Oui! des armes! Mais où les prendre?

— A la Bastille! La garde suisse2 y a transporté hier de la poudre et
des munitions.»

Dans les jardins du Palais-Royal3 des orateurs populaires haranguent
la foule: «Citoyens, il faut abattre le rempart du despotisme et sauver la


liberté du peuple. Aux armes!» Brandissant piques et fusils, traînant
deux ou trois canons, la foule afflue faubourg Saint-Antoine. Là-bas, les
huit tours de la forteresse se détachent, énormes, sur le ciel.

Les patriotes se font ouvrir la porte qui donne sur la première cour.
Au bout de la cour, un fossé, un pont-levis4... Là ils s'arrêtent; mais des
hommes résolus escaladent le mur et brisent les chaînes du pont qui
s'abat dans un nuage de poussière. «Allons chercher de Launay, le
gouverneur, nous le pendrons à la lanterne!» Et le peuple se précipite
dans la seconde cour.

Mais un autre fossé l'arrête, plus large, qui fait le tour des remparts.
«On ne peut plus passer... Eh bien, que le gouverneur capitule! Launay,
rends-toi!» La fusillade crépite". Les balles des émeutiers s'écrasent sur
les formidables murailles. Les trente hommes de la garde suisse
ripostent par des décharges meurtrières6: près de cent morts gisent déjà
sur le pavé qui devient rouge; il y a aussi cent blessés...

(4 heures de l'après-midi). A quatre reprises, la garde suisse a refusé
de se rendre. La nuit va-t-elle tomber sur cet échec? Soudain, des cris:
«Courage, citoyens! voilà du renfort!» Trois cents gardes françaises
arrivent avec des pièces de canon: «Cette fois, Launay, tu vas te
rendre!»

En effet, à la vue des uniformes du Roi, le gouverneur croit que
Louis XVI a donné des ordres pour la reddition et il fait abaisser le
pont-levis. C'est une ruée effroyable: «Où sont les prisons? — Par ici!
— Les portes sont fermées! — Enfonçons-les!» Et l'on délivre sept
prisonniers. On les porte en triomphe7, pendant que retentissent encore
des coups de feu: ce sont les officiers de la garnison qu'on exécute...

Dès le lendemain commence la démolition de la Bastille. Pour
détruire le symbole du despotisme, chacun tient à donner son coup de
pioche: aristocrates et roturiers8, femmes et enfants... Deux mois plus
tard, l'altière9 forteresse est réduite à un petit mur de 50 centimètres de haut.

Ses pierres serviront, l'année suivante, à construire le pont de la
Concorde.

G. M. (v. J.HlLLAIRET, Évocation du vieux Paris).

Примечания

1. Фигур. Пахнет порохом = намек на атмосферу сражения. 2. Швейцарская
гвардия, служившая французскому королю. Далее речь пойдет о "французских
гвардейцах". 3. См. стр. 91. 4. Подъемный мост. 5. Треск ружейных выстрелов,
перестрелки. 6. Смертоносными залпами. Le meurtrier a commis un meurtre (un
assassinat). 7. На плечах патриотов. 8. Простонародье. 9. Надменная, гордая
крепость.


ТЕКСТ 45

SUR UNE BARRICADE

Le faubourg Saint-Antoine fut souvent le théâtre des insurrections
ouvrières. Voici un épisode emprunté à la guerre civile de 1871, dite «la
Commune».

Sur une barricade, au milieu des pavés

Souillés d'un sang coupable et d'un sang pur lavés1,

Un enfant de douze ans est pris avec des hommes.

«Es-tu de ceux-là, toi? — L'enfant dit: — Nous2 en sommes.,

— C'est bon, dit l'officier, on va te fusiller.
Attends ton tour.» L'enfant voit des éclairs briller3,
Et tous ses compagnons tomber sous4 la muraille.
Il dit à l'officier: «Permettez-vous que j'aille
Rapporter cette montre à ma mère chez nous?

— Tu veux t'enfuir? — Je vais revenir. — Ces voyous
Ont peur! Où loges-tu? — Là, près de la fontaine.

Et je vais revenir, monsieur le capitaine.
Va-t'en, drôle5!» L'enfant s'en va. — Piège grossier6!
Et les soldats riaient avec leur officier,
Et les mourants mêlaient à ce rire leur râle;
Mais le rire cessa, car soudain l'enfant pâle,
Brusquement reparu, fier comme Viala7,
Vient s'adosser au mur et leur dit: «Me voilà.»
La mort stupide eut honte, et l'officier fit grâce...

Victor Hugo. L'Année terrible.

Примечания:

1. В равной степени запятнанной кровью злодеев и омытой чистой кровью
героев. 2. Зд. местоимение nous выражает гордость. Это исключительный оборот!.
3. Вспышки огня из стволов ружей. 4. У подножия. 5. Плут, пройдоха, шалопай.
6. Таково мнение офицера, который считает, что его не одурачить. 7. Юный герой,
участник войн Французской революции.


VIII
ЛАТИНСКИЙ КВАРТАЛ


ТЕКСТ 46

PETITE HISTOIRE DE LA SORBONNE
EN QUATRE TABLEAUX1

Premier tableau: en 1253.

Deux «écoliers» s'entretiennent dans une taverne de la montagne
Sain te - Geneviève2.

«Qu'as-tu donc, François, pour être si gai? Ma parole! Je ne te
reconnais plus. Hier encore tu faisais une mine longue comme un jour
sans pain3...

— Hé! «sans pain», c'est bien le mot, mon vieux, car jusqu'ici je me
demandais chaque matin si je dînerais et même où je coucherais 1e soir.
Mais maintenant, au diable tous ces tracas! — Vraiment? — Tu connais
messire Robert? — Le chanoine? — Oui. Tu sais que nous sommes nés
tous deux à Sorbon, en Champagne, et qu'il m'honore-de son amitié. Eh
bien, voici une merveilleuse nouvelle: il fonde un collège pour quinze
ou seize écoliers pauvres, et m'y réserve une place. — Ah! comme je
t'envie! le lit, la table, les études, tout ça pour rien... — Messire Robert
de Sorbon est un homme généreux, et qui se rappelle le temps difficile
de sa jeunesse, où il servait à table ses camarades pour gagner sa vie. —
Dis-donc, François, il n'y aurait pas un petit coin pour moi dans ton
collège? — Je parlerai de toi à messire Robert. Mais, tu sais, ne te fais
pas trop d'illusions: Beaucoup d'appelés, peu d'élus!»

Примечания:

1. См. путеводитель Мишлен (Париж).

2. Название холма в самом сердце Латинского квартала, на котором теперь
возвышается Пантеон.

3. Лицо у тебя было унылое, вытянутое.

Deuxiume tableau: en 1626.

Le roi Louis XIII et le cardinal de Richelieu, son ministre:

«Êtes-vous satisfait, monsieur le cardinal? La reconstruction de la
Sorbonne avance-t-elle selon vos vœux? — Sire, nous en avons encore
pour longtemps! Qui sait même si j'en verrai la fin? Il y a tant à faire!..


fout tombait en ruines, dans ce vieux collège qui m'est cher... Du temps
où j'y étudiais la théologie, je me suis promis de le rebâtir un jour. Et
Votre Majesté fut assez généreuse pour m'accorder son appui... Le
chanoine Robert fit naître la Sorbonne. Vous, sire, vous l'aurez fait
renaître. — Allons, allons, monsieur de Richelieu, pas trop de modestie!
C'est à vous que la France devra d'avoir restauré la maison de la
sagesse. Et vous mériterez d'y reposer en paix... le plus tard possible!»

Troisiume tableau: en 1884.

Le ministre de l'Instruction publique et l'architecte Nénot.

«Vous m'apportez, monsieur Nénot, les plans d'agrandissement de la
Sorbonne? Voyons cela... Vingt-deux amphithéâtres, vingt-deux salles
de conférences, seize salles d'examens, deux cent quarante laboratoires,
un observatoire d'astronomie, deux musées... Vous avez réussi à tout
loger, c'est bien. — Monsieur le ministre, je ne vous cache pas que
certains s'inquiètent et trouvent ce projet bien ambitieux. — Laissons
dire les sots, mon cher Nénot. Un jour, tout cela sera encore trop petit!»

Quatriume tableau: en 196...

Deux étudiants, dans une brasserie du Quartier latin.

«Quel est ce tapage? — Oh! une manifestation de gosses: des
potaches qui fêtent le bachot1 à leur façon. — Quand ils en seront aux
études sérieuses, ils n'auront plus guère le temps de chahuter2. — Ni le
temps, ni le désir! Nous avons d'autres soucis!.. Où sont les farces
joyeuses de jadis? — Et les bagarres avec la police, pour un oui, pour
un non?3 — Ah là, mon cher, je t'arrête: nous saurions encore
«descendre dans la rue», si la liberté était menacée, et nous sommes
toujours prêts à manifester la paix et ja justice. — C'est vrai. Mais tu
m'avoueras qu'aujourd'hui un étudiant songe surtout à se loger, à se
nourrir, à réussir ses examens; puis, le diplôme en poche, à conquérir
une place dans la vie... — Oui... une place... quel problème! Si
seulement nous en trouvions, des places, dans ces amphithéâtres
bondés... Au cours de physique générale, j'ai encore dû rester debout. —
Patience! Déjà les nouveaux bâtiments du quai Saint-Bernard et les
Facultés de Nanterre et d'Orsay... — Non, jamais l'Université de Paris
ne connaîtra le confort des universités américaines: salles de spectacle,
terrains de sport, piscines... — Ne mêle donc pas tout! Que nous faut-il?


des maîtres nombreux? La France peut les produire sans peine. Des
laboratoires et des amphis 9 On en construit tous les jours. Pour le reste,
n'oublie pas que, depuis un demi-siècle, Paris offre aux étudiants une
des plus belles cités universitaires du monde — Optimiste, va1 En
attendant, garçon, remettez-nous ça1»5

(G M)
Примечания

1 Les potaches лицеисты (разг.). Le bachot, le bac - экзамен на степень
бакалавра который сдают по окончании лицея или коллежа 2 Школьный
жаргон:
шуметь, скандалить, бузить Так, например, chahuter un professeur
освистывать преподавателя, мешать ему вести урок 3 По ничтожному поводу
4 Разг Аудитории 5 Прост, renouvelez-nous cette consommation1 — повторите
заказ1

ГРАММАТИКА___________________________

ПРОШЕДШЕЕ НЕЗАВЕРШЕННОЕ ВРЕМЯ
ИЗЪЯВИТЕЛЬНОГО НАКЛОНЕНИЯ

(L'IMPARFAIT DE L'INDICA TIF)

I — Напомним, что глагол в imparfait обозначает действие, которое
разворачивается, длится в прошлом.

Таким образом, глагол в imparfait обозначает

Действие, длящееся в прошлом Les deux étudiants causaient
tranquillement, lorsque des cris attirèrent leur attention

Привычное или повторяющееся действие в прошлом chaque matin,
JE ME DEMANDAIS où je coucherais le sou

Описание (в прошлом) одушевленного лица или предмета в рамках
какого-либо действия Hier TU FAISAIS une mine longue comme un jour sans
pain

II -— Imparfait употребляется также для выражения одновременности
каких-либо действий в прошлом:

II entendit frapper à la porte C'ETAIT son voisin

Отсюда- в придаточном предложении imparfait заменяет présent, если
глагол главного предложения употреблен в прошедшем времени Le
cardinal
CONSTATA que le roi SAVAIT bâtir pour la paix (Ho;/ CONSTATE que
le roi
SAIT bâtir pour la paix)


III — В придаточном предложении, начинающемся союзом quand,
imparfait употребляют, чтобы подчеркнуть регулярность повторения
действия (глагол главного предложения тоже употребляется в imparfait)

Quand les étudiants ETAIENT pauvres, ils SE METTAIENT au service de leurs
camarades

Но если глагол главного предложения стоит в passe composé или
в passe simple (т е обозначает действие, не связанное с настоящим време-
нем), после quand должен следовать глагол в passe composé, в passe simple
или в passe antérieur QUAND J AI FERME les yeux, je ME SUIS ENDORMI —
QUAND IL FERMA les yeux, il S'ENDORMIT — QUAND IL EUT FERME les yeux, il
s'endomit

УПРАЖНЕНИЯ

I) Объясните употребление imparfait в данных предложениях La brasserie
était pleine d'étudiants ce jour-là — Des clients se plaignirent que la patronne du café
était plus souvent occupée à se mettre du rouge qu'a les servir ou comptoir — Tous les
ans la prison de la Bastille recevait de nouveaux prisonniers — Selon Rabelais, Panurge
était le meilleur garçon du inonde Pourtant chaque jour, il jouait un mauvais tour aux
archers du guet, c'est à-dire à la police de ce temps-là — Chaque soir, quand je passais
devant les fenêtres de l'école de danse, je m'arrêtais pour écouter — Le comédien eut
une défaillance de mémoire il hésita, balbutia, et, déjà, les spectateurs chuchotaient des
réflexions déplaisantes

И) Объясните употребление imparfait, passé simple и passé composé в следу-
ющих предложениях

Pendant la Révolution française, c'est par la rue Saint-Honoré que passaient les
charrettes des condamnés à mort — Le 8 septembre 1429, Jeanne d'Arc donna l'assaut
aux Anglais qui occupaient Pans — Dans ce concours de danse une seule récompense
fut décernée à un couple brésilien — En moins d'un mois, ce provincial connut les
principales rues de Pans sur le bout du doigt — «La dernière fois que Chariot est venu
à Pans, c'est moi, dit Jacques Charon, qui l'ai conduit à la Comédie-Française»

III) Поставьте глаголы в скобках в нужные времена (imparfait или passé simple)
Panurge (être) un mauvais sujet 1l ne (manquer) jamais aucune occasion de jouer

des tours à la police Ne (s'aviser)-il pas, un joui, de semer de la poudre à canon par
terre, puis de l'allumer, pour le plaisir de voir le guet, qui n
'(être) pas très courageux,
s'enfuir a toutes jambes7 Une autre fois, il
(mener) ses compagnons devant Véglise
Sainte-Geneviève, car il
(savoir) que le guet (passer) ordinairement par là, et, quand
celui-ci
(approcher), il (lancer) un chariot sur la pente, les archers, qui ne (se méfier) de
rien,
(faillir) être écrasés On aurait vraiment cru qu'il (se plaire) a faire le mal

IV) Перепишите текст упражнения 3, начав его следующими словами
Panurge est un mauvais sujet (используйте времена, относящиеся к разговорному
языку)

V) Эссе. Racontez à l'imparfait les habitudes d'intempérance, d'avance, etc d'un
ami de jeunesse, qui, depuis, s'est corrigé


ТЕКСТ 47

À LA CITÉ UNIVERSITAIRE.
VEILLE D EXAMENS

«Examens!»

Le mot est monté dans le «bus» en même temps que Catherine.
Depuis une semaine, il refuse de la lâcher. Tout Paris, semble-t-il,
prépare des examens. Le cordonnier, la blanchisseuse s'informent:
«C'est pour quand?» avec, dans la voix, un mélange de respect et de
pitié. Le Directeur du Collège Néerlandais distribue chaque matin une
manne1 de sourires et de recommandations: «Vous sentez-vous prêts?
Ne vous énervez pas.» Catherine a reçu de sa mère une lettre lui
conseillant «d'éviter les nuits blanches, de surveiller son intestin, et de
revêtir pour le grand jour le tailleur noir qu'elle s'obstine a dédaigner».
Enfin, l'abbé Lebeau a parlé des devoirs de l'étudiant chrétien et rappelé
qu'il ne fallait pas oublier Dieu, ni avant ni après l'épreuve.

Mais personne ne prend les examens avec autant de sérieux que
l'étudiant. Il oublie qu'il était amoureux, écrivait des vers, souffrait des
dents, se passionnait de politique: il oublie de manger, de se raser, de
changer de chemise, il oublie de respirer, mais ses poumons s'en
souviennent et absorbent la fumée de ses cigarettes; il oublie de
marcher, mais ses jambes intelligentes le conduisent, à travers les autos
et les cyclistes, jusqu'à l'examinateur. (...) Pourquoi cette ferveur? Parce
que l'étudiant ne joue pas seulement ses vacances, sa bourse, son séjour
à la Cité (qui expulse au deuxième échec), son avenir, mais sa raison
d'être même. Pendant tout un hiver, il a porté le titre d'étudiant. Y avait-
il droit? A-t-il étudié? La chute dans le néant le guette. Cette menace lui
inspire la force d'avaler, mâcher, ruminer des kilos de papier. (...)

Depuis jeudi soir, Daniel n'a dormi que quelques heures. Il compte
achever ses études par une éblouissante victoire. Moune maigrit,
Annette pâlit, un bouton de fièvre pique la lèvre de Catherine. Une rage
de travail empoisonne la splendeur de cette fin de printemps.

A l'extérieur de la Cité, hors de la protection des grilles brodées de
lierre, le cœur accélère ses battements. Des plans, des aide-mémoire,
des schémas remplacent les dictionnaires et les encyclopédies. Jusqu'à
la dernière minute, Catherine picore des graines de savoir: une date, une
citation. Elle a déjà présenté deux certificats: celui d'histoire du XX-e
siècle et celui de géographie humaine. Contrairement à ses prévisions,
elle a réussi le premier et failli être collée au second.


«Des chiffres, donnez-moi des chiffres», l'interrompit le professeur
Je géographie humaine, alors qu'il avait répété maintes fois (Catherine
l'entend encore) que les chiffres ne prouvaient rien, que les statistiques
se pliaient aux caprices des plus futiles hypothèses.

Il avait coupé un éloquent plaidoyer de Catherine en faveur de la
nationalisation du sol par un3:

«Citez-moi quelques faits concrets.»

Catherine avait gardé le silence. (...)

Enfin les sourcils du maître desserrèrent leur pince. Il tendit la
perche4 d'une seconde question:

«Parlez-moi du développement de l'industrie automobile en Italie.»

Catherine s'accorda le temps de respirer. La sueur perlait à la racine
de ses cheveux et l'étau qui lui serrait la gorge ne laissait échapper que
des sons imperceptibles. Ainsi le passant qui vient d'échapper à un
grave accident, s'évanouit à l'idée de cette mort qu'il a frôlée. L'industrie
automobile la rassura peu à peu; au bord de sa paupière, la larme sécha
et elle se surprit à exposer, non sans autorité, la courbe de production
des diverses grandes marques. (...)

Lorsqu'elle se tut, le crayon du maître glissa lentement à côté de son
nom, hésita, virevolta sur sa pointe comme une danseuse, tourna et
remonta:

«Un huit5, devina Catherine, je suis sauvée.»

D'après E.TrÉVOL. Cité Universitaire
Примечания:

1. Манна небесная. Зд. в переносном значении — изобилие. 2. Студенческий
.жаргон:
и чуть не завалила. 3. Резко оборвал... репликой. Article neutre
(нейтральный артикль) подчеркивает резкость замечания преподавателя.
4. Бросил спасательный круг. 5. Восемь баллов, при максимальной оценке 10.

ТЕКСТ 48

SOUVENIRS D'UNE ÉTUDIANTE

En octobre, la Sorbonne fermée, je passai mes journées à la Biblio-
thèque nationale. J'avais obtenu de ne pas rentrer déjeuner à la maison:
j'achetais du pain, des rillettes1, et je les mangeais dans les jardins du
Palais-Royal, en regardant mourir les dernières rosés; assis sur des
bancs, des terrassiers mordaient dans de gros sandwiches et buvaient du

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vin rouge. S'il bruinait2, je m'abritais dans un café Biard, parmi des
maçons qui puisaient dans des gamelles; je me réjouissais d'échapper au
cérémonial des repas de famille; en réduisant la nourriture à sa vérité, il
me semblait faire un pas vers la liberté. Je regagnais la Bibliothèque;
j'étudiais la théorie de la relativité, et je me passionnais. De temps en
temps, je regardais les autres lecteurs, et je me carrais avec satisfaction
dans mon fauteuil: parmi ces érudits, ces savants, ces chercheurs, ces
penseurs, j'étais à ma place. (...)

Moi aussi, je participais à l'effort que fait l'humanité pour savoir,
comprendre, s'exprimer: j'étais engagée dans une grande entreprise
collective et j'échappais à jamais à la solitude. Quelle victoire! A six
heures moins un quart, la voix du gardien annonçait avec solennité:
«Messieurs — on va — bientôt — fermer.» C'était chaque fois une
surprise, au sortir des livres, de retrouver les magasins, les lumières, les
passants, et le nain qui vendait des violettes à côté du Théâtre-Français.
Je marchais lentement, m'abandonnant à la mélancolie des soirs et des
retours. (...)

L'Université rouvrit ses portes. J'avais sauté une année3 et, sauf
Clairant, je ne connaissais aucun de mes nouveaux camarades; pas un
amateur, pas un dilettante parmi eux: tous étaient, comme moi, des
bêtes à concours. Je leur trouvai des visages rébarbatifs et des airs
importants. Je décidai de les ignorer. Je continuai à travailler à bride
abattue4. Je suivais à la Sorbonne et à l'École normale tous les cours
d'agrégation5 et, selon les horaires, j'allais étudier à Sainte-Geneviève6,
à Victor-Cousin6, ou à la Nationale6. Le soir, je lisais des romans ou je
sortais. (...) Cette année, mes parents m'autorisaient à aller de temps en
temps au spectacle le soir, seule ou avec une amie. Je vis l'Étoile de Mer
de Man Ray, tous les programmes des Ursulines7, du Studio 287 et du
Ciné-Latin7, tous les films de Brigitte Helm, de Douglas Fairbanks, de
Buster Keaton. Je fréquentai les théâtres du Cartel8. (...) L'agrégatif9
d'allemand (m'avait dit mon amie Stepha) me reprochait de passer mon
temps dans les livres: vingt ans c'est trop tôt pour jouer les femmes
savantes; à la longue j'allais devenir laide! Elle avait protesté et elle
s'était piquée10: elle ne voulait pas que sa meilleure amie eût l'air d'un
bas-bleu" disgracié. (...) Je me mis à aller souvent chez le coiffeur, je
m'intéressai à l'achat d'un chapeau, à la confection d'une robe.
Je renouai des amitiés. (...)

(Le jour du concours est arrivé.)


Nous nous installâmes dans la bibliothèque de la Sorbonne. Je posai
à côté de moi une bouteille thermos pleine de café et une boîte de petits-
beurre "; la voix de M. Lalande annonça: «Liberté et contingence»; les
regards scrutèrent le plafond, les stylos se mirent à bouger; je couvris
des pages et j'eus l'impression que ça avait bien marché. A deux heures
de l'après-midi, Zaza et Pradelle vinrent me chercher; après avoir bu une
citronnade au Café de Flore13, qui n'était alors qu'un petit café de
quartier, nous nous promenâmes longtemps dans le Luxembourg
pavoisé de grands iris jaunes ei mauves. (...)

(Séance d'études chez Jean-Paul Sartre.)

J'étais un peu effarouchée quand j'entrai dans la chambre de Sartre; il
y avait un grand désordre de livres et de papiers, des mégots14 dans tous
les coins, une énorme fumée. Sartre m'accueillit mondainement: il
fumait la pipe. (...) Il se chargea de nous expliquer le Contrat social15,
sur lequel il avait des lumières spéciales. A vrai dire, sur tous les
auteurs, sur tous les chapitres du programme c'était lui qui, de loin, en
savait le plus long; nous nous bornions à l'écouter. J'essayais parfois de
discuter; je m'ingéniais, je m'obstinais (...) mais Sartre avait toujours le
dessus. Impossible de lui en vouloir: il se mettait en quatre16 pour nous
faire profiter de sa science. «C'est un merveilleux entraîneur intel-
lectuel», notai-je. Je fus éberluée par17 sa générosité, car ces séances ne
lui apprenaient rien, et, pendant des heures, il se dépensait sans compter.

SIMONE DE BEAUVOIR. Mémoires d'une jeune fille rangée.
Примечания:

1. Паштет из свинины. 2. Если моросил мелкий дождь, похожий на туман.
3. "Перескочила" через курс. 4. Фигур Во весь опор, закусив удила. 5. Симона
де Бовуар готовилась к общенациональному конкурсу на замещение должности
преподавателя философии (l'agrégation
de philosophie) в старших классах лицея.
— Il y a aussi des agrégations de lettres, de grammaire, d'anglais, de mathématiques, etc.
6. Крупные библиотеки Парижа. 7. Кинотеатры, специализирующиеся на показе
авангардных фильмов. 8. "Картель" — группа режиссеров, которые оказали
огромное влияние на театр в период между двумя мировыми войнами. В эту
группу входили: Дюллен, Жуве, Питоефф и Бати. 9. Студенческий жаргон:
участник конкурса на замещение должности преподавателя старших классов
лицея. 10. Она немного рассердилась. 11. "Синий чулок". 12. Сухое печенье.
13. Кафе около церкви Сен-Жермен-де-Пре, которое позднее сделал известным
Жан-Поль Сартр. 14. Жарг. Окурки. 15. "Общественный договор" —
политический трактат Ж.-Ж.Руссо (1762). 16. Старался вовсю, делал все.
17. Разг. Поражена, потрясена.


ГРАММАТИКА___________________________

ПРОШЕДШЕЕ НЕЗАВЕРШЕННОЕ ВРЕМЯ
(IMPARFAIT) (окончание)

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