В придаточном сравнительном предложении. 27 глава
frileux, des mains gourdes7.
Le seul souci est le jardin. Les musettes et les serviettes sont pleines
de sachets «Vilmorin»8. Un jour c'est un tuyau d'arrosage qui, comme
un serpent endormi, prend tous les filets9; un autre jour, c'est un arbuste
qui voyage dans sa litière de paille ou des rosiers ou des grattoirs10
rutilants. Ça sent l'herbe par les vitres abaissées, la fumée de bois; le
coucou chante et la primevère ouvre son œil rond sous les feuilles
mortes. On se regarde et le sourire passe sur toutes les lèvres. La Seine
ne débordera plus; la terre s'amollit, laisse passer l'herbe fidèle. On
a enfin du temps pour vivre. (...)
Le train de banlieue ramène au bercail11 son troupeau exténué mais
aussi plein d'espoir. Ici, chacun vit à12 la saison, espère au jour le jour,
telle cette dame qui, comptable, rêve du numéro qu'elle doit choisir pour
gagner à la Loterie nationale; elle a déjà amassé un petit pécule13...
La politique n'entre pas dans les trains de banlieue; je n'ai jamais vu
de bagarre à son sujet. Nous sommes tous du même avis contre la
guerre, contre le malheur, contre l'injustice. Nous sommes têtus dans
notre croyance au bonheur. Nous formons un groupe-témoin de la
France dans ce no man's land14 de Paris.
JEAN CAYROL. Extrait de la Presse: Demain.
286
Примечания:
1. Станция в ближнем пригороде на юге Парижа. 2. Никто этим не
обманывается. 3. Когда еще темно. 4 Когда уже темно. 5. Разг Житель
пригородного района. 6. Разг. Несется, устремляется. 7. Окоченевшие. 8 Крупное
предприятие, занимающееся садоводством, продажей семян и тд.. 9 Все
багажные полки в купе. 10. Скребок для уборки дорожек в саду. 11. Букв •
овчарня. Зд. Жилище, дом. 12. Selon la saison. 13. Немножко денег, небольшую
сумму. 14. (Английское выражение, которое во время войны перешло во
французский язык) в прямом значении: земля, которая никому не принадлежит;
жители пригородных районов в Париже чувствуют себя затерянными, как
в пустыне.
ГРАММАТИКА___________________________
ВЫРАЖЕНИЕ ПРОТИВОПОСТАВЛЕНИЯ (окончание).
I. — С помощью двух независимых предложений:
1. Идея противопоставления подчеркивается во втором предложении с
помощью союзов: mais, pourtant, cependant, néanmoins, toutefois:
Le Zoo n'est pas immense, MAIS LES fauves ONT L'ILLUSION D'ÊTRE EN
LIBERTÉ. — Elle est polie, NÉANMOINS PERSONNE N'EST DUPE.
2. Первое предложение часто начинается со словосочетания avoir beau
(Союз pourtant подразумевается, но не используется):
ELLE A BEAU ÊTRE POLIE, personne n 'est dupe.
(Quoiqu'elle s'efforce d'être polie, personne n'est dupe).
Можно также сказать: Elle peut être polie, personne n'est dupe.
II. — С помощью предлогов: malgré + существительное; en dépit de
+ существительное:
MALGRÉ SA POLITESSE, personne n'est dupe. — EN DÉPIT DES FATIGUES,
le banlieusard aime bien sa banlieue.
N.B. — Словосочетание en dépit de имеет более литературный отте-
нок, чем malgré.
УПРАЖНЕНИЯ
I) Замените союз si на союзы quoique или bien que, не меняя смысла
предложения: S'il a l'air de parler du train de banlieue avec malice, pourtant il lui rend
hommage. — S'il avait l'air de parler du train de banlieue avec malice, pourtant il lui
rendait hommage. — Si j'ai eu l'air de parler du train de banlieue avec malice, pourtant
je lui rends hommage.
II) Выразите идею противопоставления с помощью словосочетания a\oir-
beau: Si complaisant que je sois envers toi, tu cherches à me nuire. — J'étais très
complaisant envers lui, pourtant il cherchait à me nuire. — Le troupeau est bien fatigué,
pourtant il rentre avec joie au bercail. — Les banlieusards font de pénibles trajets;
malgré tout, ils sont heureux. — Malgré tous vos efforts, vous ne parviendrez pas à me
convaincre.
III) Перепишите следующие предложения, выражая идею противопоставления
с помощью предлогов malgré или en dépit de с существительными: Si fatigué
qu'il soit, le troupeau revient au bercail plein d'espoir. — Rien que le trajet soit long, on
ne s'ennuie jamais. — Les wagons ont beau être nombreux, chacun retrouve aisément le
sien. — Si épaisse que soit l'obscurité, on fonce jusqu'à la gare. — Quoique le printemps
revint, on avait encore un torse frileux, des mains gourdes. — Certains banlieusards ont
une vie fatigante, et pourtant ils sont heureux. — Vous avez été brutal, mais je ne vous
en veux pas. — II fait très chaud; cependant allons faire un tour.
IV) Эссе. Les transports de banlieue dans votre pays (trains ou autobus).
ТЕКСТ 103
AUBERVILLIERS1
I. Chanson des Enfants.
Gentils enfants d'Aubervilliers
Vous plongez la tête la première
Dans les eaux grasses2 de la misère
Où flottent les vieux morceaux de liège
Avec les pauvres vieux chats crevés
Mais votre jeunesse vous protège
Et vous êtes les privilégiés
D'un monde hostile et sans pitié
Le triste monde d'Aubervilliers
Où sans cesse vos pères et vos mères
Ont toujours travaillé
Pour échapper a la misère
A la misère d'Aubervilliers
A la misère du monde entier
Gentils enfants d'Aubervilliers
Gentils enfants de prolétaires
Gentils enfants de la misère
Gentils enfants du inonde entier
Gentils enfants d'Aubervilliers
C'est les vacances et c'est l'êtê3
Mais pour vous le bord de la mer
La Côte d'Azur et le grand air
C'est la poussière d'Aubervilliers
Et vous jetez sur le pavé
Les pauvres dés4 de la misère
Et de l'enfance désoeuvrée
Et qui pourrait vous en blâmer
Gentils enfants d'Aubervilliers
Gentils enfants des prolétaires
Gentils enfants de la misère
Gentils enfants d'Aubervilliers.
J.Prévert. Spectacles.
289
Примечания:
1. Город-пригород на севере Парижа. 2. Сточные воды, помои. 3. Период
отпусков, когда горожане уезжают в деревню или на море. 4. Игральные кости. —
Jouer aux dés - полагаться на случай.
//. Chanson de l'Eau.
Furtive comme un petit rat
Un petit rat d'Aubervilliers
Comme la misère qui court les rues
Les petites rues d'Aubervilliers
L'eau courante court sur le pavé
Sur le pavé d'Aubervilliers
Elle se dépêche
Elle est pressée
On dirait qu'elle veut échapper
Échapper a Aubervilliers
Pour s'en aller dans la campagne
Dans les prés et dans les forêts
Et raconter a ses compagnes
Les rivières les bois et les prés
Les simples rêves des ouvriers
Les ouvriers d'Aubervilliers.
J.PRÉVERT. Spectacles.
XVII
ИЛЬ-ДЕ-ФРАНС
ТЕКСТ 104
BRUITS D'ILE-DE-FRANCE
Longtemps, en arrivant le soir de la ville, dans l'extraordinaire sile-
nce, après le tintamarre parisien, regardant de la terrasse la prairie, je
me croyais devenu sourd, ayant cessé d'entendre, tout à coup. Puis, au
loin, un oiseau chantait, et son cri me faisait plaisir, je n'avais pas perdu
le sens de l'ouïe; c'était seulement que tout se taisait alentour. (...)
Du plus loin du temps, j'écoute ces bruits villageois qui jamais n'ont
cessé de me plaire ni de m'émouvoir: le pas d'un cheval sur la route, le
roulement d'un tombereau, la pluie d'averse sur les feuilles, ou dans la
gouttière1 ce torrent; par beau temps le matin, la faux que le faucheur
affûte2 ou le rasement du fer tranchant l'herbe, ou le râteau du jardinier
dans les cailloux de la terrasse; l'aboi3 d'un chien, le cri d'un coq; la
forge autrefois — car le maréchal-ferrant comme le bourrelier se fait
rare, tout autant que le cavalier, martelant de son trot le sol dur. L'été, il
y a la batteuse, et la pulsation du moteur, le clairon dans ses exercices
du samedi; et l'hiver ces bruits d'assassin que font les bûcherons dans
les arbres, la cognée à toute volée dans les troncs, et l'écroulement du
géant jusqu'à ébranler dans son tréfonds le coin de terre où il s'abat...
En tout temps, l'avion maintenant familier nous dit l'heure, comme
autrefois le petit train. Quel bonheur, il fera beau demain: j'entends dans la
nuit pure et resplendissante le roulement des trains de Valmondois, et c'est
que le vent est à l'est. Un remorqueur, aussi, sur l'Oise ou sur la Marne, fait
longuement retentir sa lointaine plainte enrouée. Et du plus haut des bois, ce
trille4 éperdu, ces cris, ces roulades5, c'est le rossignol, et la nuit est toute
remplie de son délicieux vacarme. Les cloches aussi entrent en jeu, à. leur
heure, ou si elles sonnent à l'improviste, c'est pour annoncer une fête, un
mariage, un baptême, une mort où la guerre. Deux fois, dans mon petit
village, je leur aurai entendu6 sonner le tocsin7. Et deux fois, elles ont sonné
pour les miens, mon père et ma mère. Dans mille ans, je reconnaîtrais
l'accent qu'elles avaient ces jours-là.
Emile Henriot. Ile-de-France. Hachette.
Примечания:
1. В водосточной трубе. 2. Точит, отбивает косу. 3. Чаще употребляется
сущеегвительное aboiement. Но "aboi" имеет большую экспрессивную нагрузку. 4.
Трель. 5. Рулады. 6. Remarquer ce futur antérieur. 7. Набат — бой колокола,
возвещающий о войне или пожаре.
ГРАММАТИКА___________________________
СПОСОБЫ ВЫРАЖЕНИЯ УСЛОВИЯ И ПРЕДПОЛОЖЕНИЯ
(L'EXPRESSION DE LA CONDITION, DE LA SUPPOSITION)
1. (a) С помощью союза si + indicatif: (глагол главного предложения
может быть в indicatif или в conditionnel):
SI TU PRÊTES l'oreille, tu entendras les bruits du village.
SI TU PRÊTAIS l'oreille, tu entendrais les bruits du village. (Предположение
с малой долей уверенности.)
(б) С помощью союзов: à condition que, pourvu que, à moins que...
Inel... — à supposer que, en admettant que + subjonctif:
À CONDITION QUE VOUS EN AYEZ le temps, vous visiterez l'Ile- de-France. —
À MOINS QU'IL [NE] PLEUVE, je visite un coin de l'Ile-de-France.
(в) С помощью союзов: аи cas où, dans le cas où, pour le cas où +
conditionnel:
AU CAS OÙ TU IRAIS dans la forêt de Fontainebleau, tu ne regretterais pas
cette promenade.
N.B. — 1) Второе условное придаточное предложение после придагоч-
ных предложений типа а) и б) вводится союзом et que + subjonctif: si tu es
libre ET QUE TU LE VEUILLES BIEN, nous visiterons...
2) Второе придаточное предложение, выражающее предположение,
после придаточного предложения типа в) вводится союзом: et où +
conditionnel: au cas où tu serais libre ET OÙ TU SORTIRAIS...
3) Предлоги à condition de, à moins de сопровождаются инфинитивом.
В этом случае глаголы главного и придаточного предложений относятся
к одному и тому же подлежащему:
A CONDITION D'EN AVOIR le temps, vous visiterez l'Ile-de-France.
УПРАЖНЕНИЯ
I) Замените союз «si» на: pourvu que, à condition que: S'il s'était levé un peu
plus tôt, il n'aurait pas manqué l'avion. — Nous irons en promenade, mais seulement
s'il ne pleut pas. — 1l accepte de venir vous voir, si vous l'invitez. — On vous laissera
monter dans l'avion si vos papiers sont en règle. — Je m'arrêterai à New York, si j'ai un
peu de temps. — Cet enfant, si on l'avait un peu aidé, aurait fort bien travaillé.
II) Замените: excepté si..., sauf si..., que si... на: à moins que... ne. — или
à moins de: Je prendrai des vacances, sauf si j'ai du travail. — Nous sortions tous les
jours, excepté si le temps était maussade. — La visite du château est interdite, sauf si
l'on a obtenu une autorisation spéciale. — On ne pouvait visiter le château que si l'on
avait obtenu une autorisation spéciale. — Nous ne pourrions faire l'excursion dans la
journée, que si nous partions de très bonne heure. — Je n'aime pas aller à l'étranger,
sauf si je sais la langue des pays que je visite.
ГРАММАТИКА___________________________
СПОСОБЫ ВЫРАЖЕНИЯ УСЛОВИЯ
И ПРЕДПОЛОЖЕНИЯ (окончание)
II — С помощью причастия или деепричастия
EN PRÊTANT L'OREILLE, j'entendrai les bruits du village (Si je prête) —
en PRÊTANT L'OREILLE, j'entendrais les bruits du village (Si je prêtais)
EN PRETANT L'OREILLE, j'aurais entendu les bruits du village (Si j avais prête)
LA COGNEE s abattant SUR ces TRONCS, (= si la cognée s'abattait sur ces
troncs, elle) ébranlerait mon coin de terre
Деепричастие должно относиться к тому же подлежащему, что
и глагол главного предложения Следует избегать подобных конструкций
EN PRÊTANT L'OREILLE tous LES BRUITS monteraient vers moi
Следует сказать EN PRÊTANT L'OREILIE, j'entendrais tous les bruits
monter vers moi
III — С помощью прилагательного в роли приложения
к существительному или местоимению
LE ROSSIGNOL, MUET (- s'il était muet), ne serait plus le rossignol
IV — С помощью относительного придаточного предложения
с глаголом в conditionnel
Un lossignol QUI NE chanterait pas la nuit (= s il ne chantait pas la nuit)
ne serait pas un rossignol
N В — Случается и так, что условие уже заключается в самом слове
или словосочетании DANS MILLE ANS, je reconnaîtrais l'accent des cloches
(- même si je vivais mille ans encore, je reconnaîtrais)
УПРАЖНЕНИЯ
I) Замените там, 1де это возможно, условные придаточные предложения на
деепричастные обороты: Si j'entends chanter un oiseau, j aurai du plaisir — Si un
oiseau chantait, son cri me ferait plaisir — Si j écoute ces bruits villageois je me sens
emu — Vous auriez entendu tous ces biuits a condition de prêtei l oreille — Si nous
avions marche moins \ite nous aurions mieux \u le passage — Si la pluie tombait
abondamment elle i emplirait la gouttière
II) Замените условные придаточные пред тожения на причастия или прилага-
тельные: Si on axait effraye le rossignol il aurait cesse de chanter — S il était moins
mélodieux le chant du lossignol aurait moins d admirateurs — 5';/ était prive de ces
bruits familiers mon village ne serait plus le même — Les cloches, si elles sonnent
a l improviste, annoncent une fête, un mariage, un baptême, une mort ou la guerre —
Si j avais ete bien portant je serais déjà venu vous rendre visite — Si ma terrasse était
plus grande elle me plairait moins
III) Замените союзные придаточные предложения на относительные Si
quelqu un était revenu au village après trente ans d ne l aurait pas reconnu — Si le
faucheur n affûtait pas sajaux de temps a autre il ne pouirait rien faire de bon — Un
jardimer s il n avait pas de tâteau роur aplanit les allées serait bien embarrasse —
Les maitthauxfutants et les bourreliers s ils ne s étaient pas adaptes a la vie
moderne auraient depuis longtemps perdu leur gagne pain — Un Parisien sil venait
vivre a la campagne aurait bien des surprises
IV) Эссе. Les charmes de la petite patrie (village natal ville natale)
ТЕКСТ 105
A VERSAILLES, AUXVII-e SIÈCLE (Le Madrigal)
Lettre au marquis de Pomponne
Lundi 1-er Décembre 1664
II faut que je vous conte une petite historiette qui est très vraie, et
qui vous divertira Le roi se mêle1 depuis peu de faire des vers MM de
Saint-Aignan et Dangeau lui apprennent comment il faut s'y prendre II
fit l'autre jour un petit madrigal2 que lui-même ne trouva pas trop joli
Un matin il dit au maréchal de Gramont «M le maréchal, lisez, je vous
prie, ce petit madrigal, et voyez si vous en avez jamais vu un si
impertinent3 parce qu'on sait que depuis peu j'aime les vers, on m'en
apporte de toutes les façons» Le maréchal, après avoir lu, dit au roi
«Sire, Votre Majesté juge divinement bien de toutes choses, il est vrai
que voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j'aie jamais lu» Le
roi se mit à rire et lui dit «N'est-il pas vrai que celui qui l'a fait est bien
fat?4______ Sire, il n'y a pas moyen de lui donner un autre nom — Oh bien'
dit le roi, je suis ravi que vous m'en ayez parlé si bonnement, c'est moi
qui l'ai fait — Ah' Sire, quelle trahison1 que Votre Majesté me le
rende, je l'ai lu brusquement — Non, M le maréchal, les premiers
sentiments sont toujours les plus naturels» Le roi a fort ri de cette folie,
et tout le monde trouve que voilà la plus cruelle petite chose que l'on
puisse faire à un vieux courtisan Pour moi, qui aime toujours à faire
des réflexions, je voudrais que le roi en fît là-dessus et qu'il jugeât par là
combien il est loin de connaître jamais la vérité
MMEDESEVIGNE Lettres
Примечания:
1. Занимается (сочинением стихов). 2 Мадригал -- небольшое стихотворение,
обычно любовного содержания. 3. Неловкий, нескладный. Современное значение
слова: невежливый, наглый. 4. Человек весьма самонадеянный и глупый
5. Чистосердечно, откровенно.
ТЕКСТ 106
L'INGÉNU A VERSAILLES
Jeune homme naïf et sincère, qui s'est battu vaillamment contre les
Anglais en Bretagne. l'Ingénu vient à Versailles demander sa récompense.
L'Ingénu débarque en pot-de-chambre' dans la cour des cuisine^
II demande aux porteurs de chaises2 à quelle heure on peut voir le roi.
Les porteurs lui rient au nez, tout comme avait fait l'amiral anglais'.
Il les traita de même, il les battit; ils voulurent le lui rendre, et la scène
allait devenir sanglante s'il n'eût passé un garde du corps, gentilhomme
breton, qui écarta la canaille4. «Monsieur, lui dit le voyageur, vous me
paraissez un brave homme; je suis le neveu de M. le prieur de Notre-
Dame de la Montagne, j'ai tué des Anglais, je viens parler au roi, je
vous prie de me mener dans sa chambre.» Le garde, ravi de trouver un
brave de sa province, qui ne paraissait pas au fait5 des usages de la cour,
lui apprit qu'on ne parlait pas ainsi au roi et qu'il fallait être présenté par
Mgr' de Louvois.
«Eh bien! menez-moi donc chez ce Mgr de Louvois, qui sans doute
me conduira chez Sa Majesté. — II est encore plus difficile, répliqua le
garde, de parler à Mgr de Louvois qu'à Sa Majesté; mais je vais vous
conduire chez M. Alexandre, le premier commis de la guerre'; c'est
comme si vous parliez au ministre.» ils vont donc chez ce M. Alexan-
dre, premier commis, et ils ne purent être introduits. (...)
«Eh bien! dit le garde, il n'y a rien de perdu; allons chez le premier
commis de M. Alexandre; c'est comme si vous parliez à M. Alexandre
lui-même.» L'autre, tout étonné, le suit; ils restent ensemble une demi-
heure dans une petite antichambre. «Qu'est-ce donc tout ceci, dit
l'Ingénu; est-ce que tout le monde est invisible dans ce pays-ci? Il est
bien plus aisé de se battre en Basse-Bretagne contre des Anglais que de
rencontrer à Versailles les gens à qui on a à faire.» Il se désennuya en
racontant ses amours à son compatriote...
Enfin le patron8 parut. «Monsieur, lui dit l'Ingénu, si j'avais attendu
pour repousser les Anglais aussi longtemps que vous m'avez fait
attendre mon audience9, ils ravageraient cruellement la Basse-Bretagne
tout à leur aise.» Ces paroles frappèrent le commis. Il dit enfin au
Breton. «Que demandez-vous? — Récompense, dit l'autre; voici mes
titres.» 11 lui étala tous ses certificats. Le commis lut, et lui dit que
probablement on lui accorderait la permission d'acheter une
lieutenance10. «Moi! que je donne de l'argent pour avoir repoussé les
Anglais? que je paie le droit de me faire tuer pour vous, pendant que
vous donnez ici vos audiences tranquillement'.' Je crois que vous voulez
rire. Je veux une compagnie de cavalerie pour rien; je veux que le roi
fasse sortir Mlle de Saint-Yves du couvent et qu'il me la donne par
mariage; je veux parler au roi en faveur de cinquante nulle familles que
je prétends lui rendre: en un mot je veux être utile, qu'on m'emploie et
qu'on m'avance".
— Comment vous nommez-vous, Monsieur, qui parlez si haut?12 —
Oh! Oh! reprit l'Ingénu, vous n'avez donc pas lu mes certificats? C'est
donc ainsi qu'on en use?1' Je m'appelle Hercule de Kerkabon; je suis
baptisé, je loge au Cadran Bleu, et je me plaindrai de vous au roi >•
VOLIAIRE. L'Ingénu - 1767.
Примечания:
1. Букв Ночной горшок. Так в XVIII веке называли наемную карету. 2. В XVIII
веке сл\ги. носившие носилки, или портшез. 3. Английский адмирал, с которым
он сражался. Адмирал рассмеялся Простодушному в лицо, копа гот спросил у
него, действительно ли он опустошил Бретань без объявления войны.
4. Уничижит. Сброд, жулье, сволочь. 5. В курсе 6. Monseigneur. 7. Первый
секретарь Министра обороны. 8. Старший служащий г-на Александра.
9. Аудиенция, прием. 10. Чин лейтенанта. 11. Повысили в чине. 12. Вызывающе,
надменно. Можно также сказать: «Vous le prenez de bien haut, monsieur v 13 Вот
что делается.
ГРАММАТИКА___________________________
СПОСОБЫ ВЫРАЖЕНИЯ СРАВНЕНИЯ
(L'EXPRESSION DE LA COMPARAISON)
В придаточном сравнительном предложении.
1. -- С помощью союза: comme:
Les porteurs lui rient au nez, COMME AVAIT FAIT L'AMIRAL ANGLAIS.
Глагол очень часто опускается:
J'agirai COMME TOI (= comme tu as agi, ou comme tu agis, ou comme tu
agiras).
IL — С помощью союза: comme si:
C'EST COMME SI vous parliez au ministre.
Союз si указывает на то, что в данном сравнительном предложении
высказывается какое-либо предположение.
УПРАЖНЕНИЯ
I) Укажите в тексте все способы выражения сравнения.
II) (а) Назовите глагол, который означает: être comme, être pareil à...?
(б) Составьте три предложения с этим глаголом и косвенным дополнением к нему.
III) Закончите предложения: Tu manges comme si... — Vous courez comme
si.. — Nous sommes essoufflés comme si... — Je suis fatigué comme si... — Tout le
monde me parle sévèrement comme si... — Les collines des environs sont fleuries
comme si... — Les oiseaux chantaient comme si... — De loin, j'admirais Montmartie
comme si...
IV) Перепишите предложения, получившиеся после выполнения упр III,
вставляя после союза comme глаюл в conditionnel. Напр.. Doucement! tu cries
comme si j'étais sourd = tu cries comme tu crierais si j'étais sourd).
V) Чем, по-вашему, интересен рассказ «Le madrigal»'.' Попытайтесь, исходя из
этого, оценить талант мадам де Севинье.
VI) Литературный анализ, (а) Составьте план рассказа № 3. (б) Почему
главного героя называют Простодушным?
ТЕКСТ 107
LES JONQUILLES1
Des automobilistes traversant hier soir la forêt de Chantilly,
dépassèrent un couple qui, planté2 en bordure de la route, leur adressait
le signe traditionnel de l'autostop3.
Le conducteur freina, fit marche arrière.
Une jeune fille s'approcha:
«Accepteriez-vous de nous ramener à Paris?
— Bien sûr. Montez vite!»
Chaque été voit renaître les considérations désabusées4 sur les
autostoppeurs5. Ceux qui remercient leurs hôtes en les dépouillant, avec
plus ou moins de bobo6 sont heureusement l'exception. Beaucoup, en
revanche, manifestent une étrange désinvolture, tel celui-là qui
récemment, au moment de l'adieu, déclarait d'un ton aigre à l'un de mes
amis:
«D'ordinaire, on m'invite à dîner.»
Mais la jeune fille tendit en souriant, un gros bouquet de jonquilles.
«Excusez-moi, je voulais seulement vous offrir ces fleurs. J'ai
souvent pratiqué l'autostop et je n'ai jamais pu remercier les
automobilistes comme je l'aurais souhaité... Non, nous ne pouvons pas
monter. Nous avons nos vélomoteurs. Au revoir! Excusez-nous de vous
avoir retardés pour si peu de chose.»
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